dimanche 30 novembre 2014

Un contemporain de Paul Bertrand dit Saint-Arnaud s’est installé en Nouvelle-France alors même que celui-ci serait né à Verneuil : le sieur Jacques Petit. Dès lors on peut raisonnablement supposer qu’ils se sont connus, en tout cas croisés sinon fréquentés sur l’une des rives du Saint-Laurent. Voici en 6 points le peu que nous savons de cet autre Vernolien devenu Québécois. Nous remercions par avance tous ceux qui pourraient le faire de compléter notre information à son sujet.


1 • Extrait de L’Ancêtre (revue officielle de la Société de généalogie de Québec), volume 30, hiver 2004, p. 127 :

Louis Jolliet au Parlement du Québec 
« Venus après 1663 - Plus tard est venu aussi en Nouvelle-France un Jacques Petit de Verneuil (1644-1699), originaire de Verneuil-sur-Avre (Eure), et époux (m. [marié le] 25 novembre 1692) de Marie Niel : la veuve de Zacharie Jolliet, le frère de Louis Jolliet (1640-1700), explorateur et découvreur du Mississippi et seigneur de l’île d’Anticosti ; tous deux fils de Jehan Jollyet 3310-XII et Marie d’Abamcour.
» Ce Jacques Petit était agent du trésorier général de la Marine. Il est décédé à Québec le 28 août 1699 ; il avait dû, en 1686, créer de la monnaie de carte ; il a été inhumé dans la basilique de Notre-Dame de Québec (DBC-II ; 544). Lui a succédé son neveu Jean Petit (1663-1720), trésorier de la Marine, fils de Pierre Petit, ancien contrôleur des rentes de l’hôtel de ville de Paris, et de Catherine Du Bellineau. »


2 • Extrait du Dictionnaire généalogique des familles du Québec, PRDH, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, p. 906 :

« PETIT, sieur de Verneuil, Jacques (…) de v[ille] et archev[êché] Paris ; d[écédé le] 28 ou 29-06-1699 Québec ; oncle de Jean m[arié avec] Suzanne Dupuis, cité 23-10-1685 Québec ; engageur Ouest 02-05-1693 ; trésorier des troupes de la Marine 1685 à sa mort.
» m[arié le] 25-11-1692 [à] Québec
» Niel, Marie (veuve Zacharie Jolliet) rem[ariée en] 1700 [avec] Étienne Desforges.
» [Fils] 1. Jacques-Charles n[é] 21 b[aptisé] 22-10-1695 [à] Québec s [enterré le] 28-08-1699 id. »


3 • Extrait du Dictionnaire généalogique des familles canadiennes depuis la fondation de la colonie jusquà nos jours, premier volume, par labbé Cyprien Tanguay, Eusèbe Senécal imprimeur-éditeur, 1871, p. 194 :

« [Marié en] 1692 (25 novembre) [à] Québec.
» I. – De Verneuil (1), Jacques, b[aptisé en] 1644, s [enterré le] 29 juin 1699 dans léglise de Québec.
» Niel, Marie (veuve de Zacharie Jolliet).
» [Fils] Jacques-Charles, b[aptisé le] 22 oct. 1695 ; s [enterré le] 28 août 1699.
» (1) Petit de Verneuil, trésorier des troupes de la Marine. »


4 • Transcription d’un contrat d’engagement de Robert Reaume par le trésorier Jacques Petit sieur de Verneuil représenté devant le notaire Adhemar par Pierre d’Ailleboust, sieur d’Argenteuil, le 2 mai 1693 :

« Par devant Antoine Adhemar notaire royal en la Nouvelle France residant a Ville Marie et tesmoins en fin nommes furent presents en leurs personnes Pierre D’Ailleboust escuyer Sieur D’Argenteuil, lieutenant reforme dans le detachement de la marine faisant pour et au nom de monsieur de Verneuille, tresorier de la marine auquel il promet fair agreer ses presentes toute fois et quant il sera besoin a payer tous les depens dommages et interest d’une part et Robert Reaume, voyageur, demeurant ordinairement a Quebec d’autre part, lesquels de bonne foy ont fait les marche et engagement quy ensuit, scavoir que le dit Reaume s’engage et s’oblige de monter aux pais Outaouais pour ledit sieur de Verneuil et de dessendre la presente annee avec un Sauvage en cette dite ville un canot charge des castors que les hoirs de Zacarie Jolliet ont aux dits pais des Outaouais le tout aux fraix et despens des dits castors et effects desquels castors le dit Reaume aura soin jusques en cette ville du mieux qui luy sera possible. Ce marche fait a la charge qu’il sera fourny audit Reaume sure les dites pelleteries le dit canot des vivres pour luy et pour ledit Sauvage et ce quy leur sera necessaire pour dessendre les dites pelleteries et oultre moyennant la somme de deux cens cinquante livres pour ses gages salaires et soins et en bons castors au prix du bureau a son retour en cette dite ville lesquels seront pris sur ceux que le dit Reaume aydera a dessendre et en cas de perte d’iceux ne pourra en rien demander des deux cens cinquante livres des dites gages, est convenu qu’apres que les pelleteries que le dit deffunt sieur Jolliet a au dit pais des Outaouais seront embarques dans le dit canot et en cas que le dit canot ne soit pas assez charge sera permis audit Reaume de le parachever de charger de telles pelleteries qu’il y voudra mettre et le port d’icelles seront son proffit par oultre ses dites gages car ainsy et promettant, et obligeant, et renoncant, et fait et passe au dit Ville Marie estude dudit notaire le deuxieme jour de may mil six cens quatre vingt seize apres midy en presence de Monsieur Juchereau et George Pruneau tesmoins demeurant audit Ville Marie soussignes avec le dit Sieur D’Argenteuil et notaire, ledit Reaume a declare ne scavoir escrire ny signer de ce interpelle apres lecture faite suivant l’ordonnance. »
Signé : PD D’Argenteuil, Juchereau, G Pruneau [avec paraphe] Adhemar [avec paraphe] notaire


5 • L’affaire de la monnaie de carte. M. Benjamin Sulte, cité d’après Mgr Olivier Maurault dans Marges d’histoire, éd. Saint-Sulpice, 1923, p. 155, la résume ainsi :

Monnaie de carte recto-verso, signée Duplessis, Vaudreuil et Begon (il sagit dune reproduction, toutes les cartes dorigine ayant été détruites après leur remboursement).

« L’intendant de Meulles était venu en Canada en 1682 et s’apercevant que nous vendions à la France moins que nous n’achetions d’elle, il comprit pourquoi le Canada se trouvait sans argent.
» Les habitants avaient recours au troc, à la manière des Sauvages. On donnait un objet, un article quelconque en échange de ce que l’on achetait ou du travail exécuté. Cet état primitif était par trop gênant.
» En sus, depuis 1684, le roi envoyait un détachement de soldats pour garder les dépôts de pelleteries et mettre obstacle aux maraudes des Sauvages, mais il oubliait de le payer tout en ordonnant de le faire vivre. De Meulles conçut l’idée de fabriquer de l’argent au moyen de sa signature, dans l’espoir que le roi lui ferait l’honneur de rencontrer ses obligations.
» Le roi approuva la mesure et ne paya guère. Faute d’imprimerie, on devait écrire les sortes de “bons” à la plume ; faute de carton, il y avait le papier ordinaire, mais celui-ci était tellement ordinaire qu’il n’avait aucune consistance. On adopta le dos blanc des cartes à jouer qui abondaient au magasin, paraît-il. Sur le dos de la dame de trèfle, par exemple, on écrivait: “Bon pour la somme de quatre livres”.
» L’Intendant signait et posait son sceau de cire. Le trésorier de la colonie [en loccurrence Jacques Petit de Verneuil] signait. Parfois, le gouverneur signait aussi, la seconde dénomination était de quarante sous, sur une moitié de carte. La troisième, quinze sous, prenait un quart de carte, avec des lettres initiales au lieu de la pleine signature.
» Après 1720, on eut recours aux cartons, mais c’était la même chose, en empirant, si bien que, rendu à 1760, il y avait plus de quatre-vingts millions de francs de ces écritures qui n’étaient pas payés et que le trésor français répudia. Rien de semblable à nos cartes n’existait en Europe lorsque l’intendant signa sa première pièce de cette monnaie.
» Il créait un nouveau genre de circulation financière. La banque de Venise n’avait rien de pareil. La banque de Hollande s’en approchait encore moins. Aucun monarque ne répandait du papier en guise d’argent. La banque d’Angleterre n’existait pas encore en 1685. »


6 • Extrait du Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003 :

« PETIT, Jean (qu’il ne faut pas confondre avec Jean Petit Boismorel, huissier à Montréal), conseiller, trésorier de la Marine et seigneur, né en 1663, fils de Pierre Petit, ancien contrôleur des rentes de l’hôtel de ville de Paris, et de Catherine Du Bellineau, de Saint-Jean, Paris, décédé à Québec le 24 février 1720 et inhumé dans la cathédrale Notre-Dame le lendemain. Petit arrive à Québec probablement au printemps de 1701, comme agent du trésorier général de la Marine, pour remplacer son oncle, Jacques Petit de Verneuil, décédé dans cette ville le 28 août 1699. Dès le 23 septembre 1701, il intente un procès à la veuve de son oncle, Marie Viel, au nom des trésoriers généraux de la Marine et en celui de son père, pour une somme de 30 000 livres qui manque à la caisse ; il obtient gain de cause le 3 novembre 1702. Peu après, il exige que l’on renforce les prisons du palais pour éviter les évasions. En 1703, l’intendant François de Beauharnois le recommande au ministre, le qualifiant de “parfaitement honnête homme”. Le 4 juillet 1701, il épouse à Québec Suzanne Dupuy qui mourra deux ans plus tard. Le 13 septembre 1706, il s’unit à Charlotte Dugué, fille de Michel-Sidrac Dugué de Boisbriand, ancien capitaine du régiment de Carignan, seigneur des Mille-Îles et trafiquant de fourrures ; sept enfants naissent de cette union. Le 5 mars 1714, il obtient la moitié de la seigneurie des Mille-Îles, avec son beau-frère, Charles-Gaspard Piot de Langloiserie. Cette seigneurie, concédée à Dugué de Boisbriand, son beau-père, en 1683, avait été réunie au Domaine du roi quelques jours auparavant, soit le 1er mars 1714 ; la concession est confirmée le 5 mai 1716. En 1717, Jean Petit intente un procès aux religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec pour obtenir la concession d’un terrain dans la seigneurie de Saint-Ignace, comprenant une demi-concession en friche et bois debout contiguë à un terrain et une habitation qu’il avait achetés de Pierre Brosseau. Ayant perdu sa cause devant le Conseil souverain, il en appelle à Louis XV. Le 2 juin 1720, un édit royal exigera que les religieuses lui accordent cette concession, sous peine de voir ce terrain réuni au Domaine du roi, en vertu des arrêts de Marly (1711). Le 1er juillet 1718, il est nommé par le roi membre du Conseil souverain. Toutefois, c’est seulement le 8 janvier 1720 que le conseil ordonne de faire l’information de vie et mœurs. Le 15 janvier il est reçu au conseil à titre de onzième conseiller. Il meurt peu après ; deux ans plus tard, sa veuve épouse Louis-Rémy Dugué. L’inventaire des biens de Petit sera fait devant le notaire Jacques Barbel le 17 avril 1725. » (Article signé W. Stanford Reid et Bernard Weilbrenner.)

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