samedi 31 août 2013

LE PARACHUTISTE CANADIEN 
HECTOR PHILippe SYLVESTRE

En haut, au milieu, Hector Sylvestre
Ses origines familiales
Le cinquième né d’une famille francophone comptant dix enfants, Hector Philippe Sylvestre est né le 14 septembre 1921 à Sturgeon Falls, dans l’Ontario. Son ancêtre Nicolas Sylvestre, dont les parents Nicolas et Tanche Colson se marièrent à Pont-sur-Seine (près de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube), s’installa en Nouvelle-France et y épousa Barbe Nepveu, le 27 août 1667, à Notre-Dame-de-Québec.
À gauche avec sa sœur Laure, à droite, devant son camion, avec une amie et Laure
Premières armes
Hector Sylvestre commence de travailler à l’âge de seize ans, d’abord dans une mine (un an), puis comme vendeur de sodas (un an) et enfin en tant que chauffeur-livreur (trois ans). À la suite d’un drame personnel (la perte de son jeune frère dans un terrible accident), le 11 septembre 1942 il part sous les drapeaux. Le 30 juin 1943, il s’engage dans le service actif puis est affecté à la compagnie « A » du 1st Canadian Parachute Battalion (rattaché à la 3rd British Parachute Brigade, 6th Airborne Division), l’unité d’élite la plus hautement spécialisée de l’Armée canadienne, sous le matricule B-126264. Surentraîné en Angleterre à partir de septembre 1943, Hector obtient son badge de parachutiste le 4 février 1944.

Le piège infernal
Au cours de la nuit précédant le débarquement en Normandie, alors qu’il doit être largué par Dakota à l’est de Varaville pour s’emparer de l’intersection du Mesnil-de-Bavent (sur la route de Cabourg à Caen) et protéger le flanc gauche du 9e bataillon de paras britanniques, il atterrit entre Sallenelles et Cabourg. Tandis que beaucoup de ses compagnons se noient dans les basses terres de la Dives inondées par les Allemands, isolé de son unité Hector Sylvestre est porté disparu le 6 juin.
En fait, au petit matin du D-Day, Hector Sylvestre a été recueilli à bord de la barque de M. Duval et conduit à Sallenelles, dans la ferme de la Bergerie. Là, il est caché par Adrien et Yvonne Vermughen (un mois plus tard, celui-ci sera torturé devant sa femme puis fusillé, celle-ci sera emprisonnée et leur ferme rasée par les SS) avec vingt-deux autres Canadiens. Après dix-sept jours d’inaction, les fugitifs qui ont pu conserver leurs armes décident de traverser les lignes ennemies à l’envers pour rejoindre les leurs. Ils y parviennent. Les autres, dont Hector Sylvestre, attendent en vain que le front bouge. Mais les Allemands ne reculant pas (Sallenelles ne sera libérée que le 17 août 1944), le 4 juillet ils sont enfin pris en charge par différents groupes de résistants.

Jacques Bayet, le 22 août 2008
L’armée des ombres
Fuyant les zones de combats et de bombardements, les populations se replient à l’intérieur des terres, et les FFI en profitent autant que possible pour mettre à l’abri les clandestins qui ont échappé à l’ennemi. Ainsi Hector Sylvestre, qu’on a habillé en civil et qui parle aussi bien le français que l’anglais, se retrouve-t-il à Breteuil-sur-Iton le 15 juillet. Il y remplit des missions de renseignement.
Le 10 août, ses chaussures ayant attiré l’attention d’un quidam susceptible de le dénoncer, il est aussitôt remis au groupe vernolien du réseau « Quand même » qu’a formé le capitaine Thirault. Il passe cinq nuits à Piseux, dans la Grand-Maison (ou « Maison rouge ») de Longuelune qui appartient au maire du pays, M. Guilloux. Puis, le 16 août au soir, Hector Sylvestre et ses camarades se cachent à Verneuil même, dans la cave du marbrier Mahieu, rue de la Tour-Grise. Le lendemain, tôt matin, Jacques Chasles et Jacques Bayet les quittent pour porter à vélo un message secret à La Mancelière. De retour à Verneuil, toujours à vélo, ils sont discrètement prévenus par Mme Brard, une lingère de la rue Notre-Dame, que leurs frères d’armes ont été pris par les Allemands. Les deux jeunes gens lui doivent la vie sauve.
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Hector Sylvestre et les cinq autres, André Chasles, Jacques et Bernard Girard, Jean Pothin et Marius Bazile sont quant à eux torturés, puis fusillés et enterrés par les nazis dans un trou de bombe au lieu-dit Les Barrettes. La ville de Verneuil-sur-Avre sera libérée le 22 août par les Américains de la 28e division d’infanterie et de la 2e division blindée. Deux jours plus tard, les corps des suppliciés ayant été retrouvés puis inhumés au cimetière municipal, les actes de décès seront dûment consignés dans les registres de l’état civil vernolien.

L’affreuse incertitude
Seulement voilà : Hector Sylvestre a été déclaré disparu le 6 juin 1944. Et cela a été officiellement porté à la connaissance de sa famille, alors même que l'un de ses compatriotes a témoigné (le 13 décembre 1944) qu’il était resté près dun mois caché près de Cabourg. Ses parents devront attendre le 9 avril 1945 pour que l’armée canadienne confirme cette déclaration, après avoir interrogé Mme Yvonne Vermughen. Et pour faire état de ce qu’ont rapporté, à leur tour, les maires de Breteuil-sur-Iton et de Verneuil-sur-Avre. Il est vrai que s’agissant du seul 1st Canadian Parachute Battalion, l’ampleur de la tâche d’identification était énorme : sur 616 hommes et officiers, 385 avaient été tués, blessés ou faits prisonniers…


On peut néanmoins s’imaginer le choc que dut ressentir la maman d’Hector, Mme Eva Sylvestre, lorsque la radio canadienne puis la presse locale annoncèrent, au début du mois de mai 1945, que son fils venait d’être libéré d’un camp de concentration allemand. Malheureusement il s’agissait d’une erreur, comme dut très vite le reconnaître le Département de la défense canadienne (voir les deux pages ci-dessous).

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Son souvenir à Verneuil
Au lieu-dit Les Barrettes, aujourd’hui situé au fond du parc de la mairie – là-même où Hector Sylvestre et cinq résistants FFI ont été sacrifiés pour notre liberté – s’élève une stèle fleurie chaque année par les anciens combattants, par les élus et, depuis 2006, par Adbstar-France.
À l’été 2006, le 6 juin, vingt-cinq membres de la famille Saint-Arnaud et leurs amis d’Adbstar-France ont dîné dans la Grand-Maison de Longuelune, où feu Mme Duplessis (fille de M. Guilloux) a évoqué le souvenir qu’elle avait gardé d’Hector Sylvestre. À l’âge de sept ans, elle en était tombée amoureuse…
Roger Cloutier, Aline Riopel
et Claude Cloutier à Longuelune
À l’été 2008, le 22 août, la nièce d’Hector Sylvestre Mme Aline Riopel est venue se recueillir devant la stèle puis la tombe de son oncle.

En tant que première représentante de sa famille ayant fait le voyage à Verneuil, elle a été reçue à l’hôtel de ville et s’est vue remettre la médaille de Verneuil par M. le maire Louis Petiet. Les membres d’Adbstar-France l’ont bien sûr accueillie et hébergée (merci à Catherine et Thierry Delporte). Elle était alors accompagnée par son mari M. Roger Cloutier, son beau-frère M. Claude Cloutier, les anciens combattants et M. Jacques Bayet, le dernier résistant vernolien ayant connu et côtoyé Hector Sylvestre… et pour cause, puisque Jacques Bayet avait partagé les cinq derniers jours de sa vie. Aline Riopel a non seulement pu déjeuner avec lui mais rencontrer Mme Duplessis à Longuelune (voir photo ci-dessus). Ces deux témoins sont malheureusement décédés depuis lors.
Devant la stèle, Aline et le maire M. Petiet
Au cimetière, Aline et derrière à gauche M. Bayet

À la mairie, M. Petiet reçoit Aline Riopel
M. Louis Petiet lui remet la médaille de la ville

La tombe d'Hector Sylvestre

À l’été 2010, Mme Lisette Tremblay, autre nièce d’Hector Sylvestre, est venue du Canada pour honorer de sa présence le premier festival franco-québécois de Verneuil-sur-Avre, et en particulier sa clôture à la date anniversaire du décès de son oncle. Ainsi, le mardi 17 août, a-t-elle participé avec M. le maire Louis Petiet et beaucoup d’autres élus à l’inauguration de la plaque de la rue Hector Sylvestre, dans le nouveau quartier dit de la Porte de Normandie.



M. Petiet, Mme Tremblay, M. Nicolaon 
Mme Lisette Tremblay fleurit la tombe de son oncle
MM. Perron et Petiet dévoilent la plaque
Avec l'ancien FFI M. Raymond Chevret (de profil)


Le samedi 17 août 2013
Comme chaque année depuis 2010, au cours du festival franco-québécois, les membres d'Adbstar-France se réunissent pour rendre hommage au sacrifice du commando-parachutiste canadien Hector Sylvestre, d'abord en observant une minute de silence devant sa tombe dûment pavoisée au cimetière de Verneuil-sur-Avre, puis en déposant un bouquet de fleurs sur celle-ci le jour anniversaire de sa mort dans les circonstances décrites plus haut. En 2012, Yvon Mercier-Manitoube8itch, le chef amérindien de la bande abénakise (Mena'Sen), lui avait rendu hommage en chantant et jouant du tambour sacré. La tradition a été respectée soixante-neuf ans après que Hector Sylvestre a été fusillé, mais cette fois en présence de cinq de nos élus au Conseil municipal.

Cliquer sur cette photo pour l'agrandir, de même que sur les suivantes.
La minute de silence. De gauche à droite : René Dupuis, Michèle Thouin, Françoise Durand (cachant Line Morel), Nicole Boucher, Patrick Lecouturier, Olga Fontaine, Marie et Fabien Perucca, Françoise Ayrault et Pierre Durand.
René Dupuis dépose les fleurs d'Adbstar-France.
Hector Sylvestre repose au milieu de deux de ses compagnons résistants fusillés avec lui.
Le Réveil normand du 21 août 2013. Cliquer sur l'article pour l'agrandir.
Paris Normandie du 22 août 2013. Cliquer sur l'article pour l'agrandir.
La Dépêche du 23 août 2013. Cliquer sur l'article pour l'agrandir.





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