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La véritable histoire « du logis où pend pour enseigne le Pot d’Estain » débute à Verneuil au xviiᵉ siècle. Il est alors détenu et exploité par un certain Jean Bertrand, qui l’a hypothéqué pour garantir un prêt sous forme de rente constituée. La créance passe rapidement aux mains de l’abbaye royale de Saint-Nicolas. La situation, pourtant ordinaire au départ, se complique avec le décès de Jean Bertrand et de tous ses héritiers directs hormis Paul, son dernier enfant qui s’est installé en Nouvelle-France, dont on est sans nouvelles à Verneuil. De 1702 à 1733, s’ensuit une série de procès débouchant sur un incroyable imbroglio, les religieuses espérant entrer en possession de l’établissement. Paul Bertrand est finalement retrouvé au Québec mais, très âgé, il décide de céder l’auberge à l’abbaye. Ce qui est parfaitement compréhensible, sauf que la vente est réalisée dans des conditions très énigmatiques, dans un demi-secret et en cachette de quelqu’un ou de quelque chose.

Ce sont donc ces voiles que cet ouvrage se propose de lever, en menant l’enquête au cœur des documents juridiques de l’époque, dont les feuilles d’audience des nombreux procès. Leur analyse a ainsi permis d’inverser certains rôles que l’on croyait bien établis.

Ensuite, le Pot d’Étain traverse tranquillement le siècle des Lumières et la Révolution le remet aux mains de la Nation française qui se contente de l’exploiter dans les conditions établies par le couvent. Cette passation a cependant permis la conservation de ses archives, donc d’opérer divers recoupements et d’établir sans équivoque l’emplacement de l’auberge, ainsi que la composition de ses bâtiments. 

Après des études d’histoire de l’art à Paris IV-Sorbonne, Astrid Lemoine-Descourtieux a obtenu en 2007 un doctorat d’histoire médiévale à l’université de Caen-Basse-Normandie. Sa thèse portait sur la frontière normande de l’Avre entre 911 et 1204, en particulier sur les conditions administratives et économiques de la fondation de Verneuil (1120) et sur les changements opérés dans la stratégie défensive au xiiᵉ siècle. Chercheur associée au Centre de recherches d’histoire quantitative de l’université de Caen, puis au Groupe de recherches d’histoire de l’université de Rouen, elle continue de consacrer ses travaux à Verneuil et sa région en étudiant ses bâtiments médiévaux et l’évolution urbaine. L’histoire du Pot d’Étain s’inscrit dans cette quête de reconstitution du Verneuil ancien dont les visages ont été multiples et diversement modifiés selon les quartiers.

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